Tracer des relations, faire émerger des directions

Samedi 26 et dimanche 27 novembre, le Palais de la Bourse de Lyon accueille le Festival Hétéroclite conçu et organisé par le magazine éponyme qui agite la scène culturelle de la ville depuis des années

Un festival d’idées, désirant, pivotant autour des cultures féministes et LGBT+. Il s’agit de la première édition d’un événement qui ouvre la réflexion sur le monde pluriel, riche et complexe que les théories et les réalités queer représentent. Corporalité et virtualité, questionnements identitaires, transitions, révoltes et prises de position : le Festival Hétéroclite forme une poche de résistance bergerienne, un lieu de parole autour des mots et des actions, des luttes collectives où l’individu ne s’enferme pas dans l’égotisme de l’incommunicabilité : les deux jours de l’événement lyonnais seront émaillés de rencontres et de confrontations sur le monde littéraire qui interroge les théories et les pratiques féministes et queer.

Stéphane Caruana, directeur de la publication et du festival, esquissant les contours de l’idée à l’origine de cet événement, a déclaré : « C’est un projet que l’on mûrit depuis de longs mois. D’avant le Covid. Quand on se berçait de la douce illusion qu’il y aurait un monde d’après. Quand on croyait que les mois de confinement allaient déboucher sur une civilisation nouvelle, apaisée, plus ouverte. Que les lignes allaient enfin bouger ». Malgré ces espoirs, les lignes n’ont sans doute pas assez bougé, et l’urgence de moments de réflexion, comme celui proposé dans ces derniers jours de novembre, apparaît dans toute son évidence.

Lyon est historiquement une ville toujours très attentive à la culture italienne, et le Festival Hétéroclite en incarne une belle continuation. Le Bel Paese est en effet l’invité d’honneur de cette première édition et en parcourant le programme, les lecteurs italiens retrouveront de nombreux noms importants du monde de la littérature, de la critique, de la philosophie et de la bande dessinée.

Le festival s’ouvrira le samedi 26 novembre avec une rencontre entre théâtre, littérature et cinéma intitulée Imaginaires gays : vers un renouveau des motifs ? avec les interventions de Lucien Fradin, Jonathan Bazzi, finaliste du prix Strega, et Didier Roth-Bettoni, suivie de Récits dess(t)inés en transition, une confrontation/dialogue entre deux grandes figures de la bande dessinée italienne : Nicoz Balboa et Fumettibrutti. La relation entre la nature, les corps et les nouvelles formes de résistance sera le sujet de Fables et réenchantements : écologies queer, sororité et nouvelles formes de mobilisation avec la participation de Jeanne Burgart Goutal, Wendy Delorme, Cy Lecerf Maulpoix, Filomena *Filo* Sottile, Mariano Tomatis et Valentina aka Fluida Wolf.

Comment raconter et maintenir en vie les réflexions et les témoignages ? C’est à cette question que tentera de répondre la table ronde Faire vivre les cultures LGBT+ et féministes aujourd’hui en Italie, qui réunira d’importantes personnalités du monde de l’édition, de la recherche et de l’événementiel telles que Mauro Muscio (*asterisco/Libreria Antigone), Marta Capesciotti (Festival Bande de femmes/*asterisco), Denise Cappadonia (Libreria Nora Book&Coffee), Anna Matilde Sali (Eris Edizioni), Sarah di Nella et Ginevra Cassetta (Libreria Tuba/Festival Bande de femmes), Mauro Meneghelli (Festival Gender Bender). Tout au long de la journée, il sera également possible de participer à un atelier d’écriture sur la poésie érotique queer, animé par Marguerin Le Louvier (Les Éditions Douteuses).

Le lendemain dimanche 27 novembre sera ouvert par une table ronde animée par le Female Gaze Book Club intitulée De quoi les succès littéraires féministes sont-ils le nom ? en présence de Wendy Delorme, Morgane Le Bris, Sarah di Nella et du collectif Panthère Première.

En fin de matinée, la rencontre Parcours d’une œuvre trans : Princesa mènera une réflexion sur l’un des premiers textes publiés en Italie en 1994 par un auteur transgenre, la Brésilienne Fernanda Farias de Albuquerque, et verra la participation de Renaud Boukh, Maurizio Iannelli, Armelle Girinon, Judith Obert et Anna Proto Pisani.

L’après-midi permettra de s’interroger sur la question historiciste Sauver les mémoires LGBT+ de l’oubli : histoires et archives avec la présence de Roméo Isarte, Giorgio Bozzo, Andrea Meroni, Elena Biagini, Lorenzo Bernini, Jérôme Kagan et Damien Roger. La huitième et dernière rencontre représentera, à la fois, une interrogation et une provocation : Le drag : un effet de mode ?. Une question que le réalisateur Sofian Aissaoui, la musicienne Agnès Mascarou et la chercheuse Eleonora Santamaria tenteront de sonder et de déconstruire.

Deux jours intenses de rencontres et de paroles, d’écritures mais aussi d’images. Le festival verra en effet sa conclusion dimanche à 17h30 avec la projection du documentaire Comizi d’amore de Pier Paolo Pasolini grâce à Ecrans Mixtes, le festival de cinéma qui depuis onze ans parcours les salles de projections de la ville des frères Lumière.

Pendant ces deux jours, des librairies indépendantes italiennes et françaises seront également présentes pour proposer une sélection de livres en italien, souvent inconnus en France. Aux côtés des lyonnaises Adrienne, La Madeleine, Ouvrir l’œil et Bal des Ardents, le public pourra parcourir les propositions des librairies italiennes Antigone de Milan, Nora Book & coffee de Turin et Tuba de Rome. Les éditeurs français tels que Les éditions douteuses, Troty, Éditions Massot et Panthère Première seront présents aux côtés des italiens Eris, *asterisco, Zanna Dura et Chierichetti.

Un festival riche, festif, gratuit, transdisciplinaire et passionnant.

Le festival aura lieu :
Palais de la Bourse
Place de la Bourse – Lyon

Hétéroclite et l’Agence Tintamarre présentent :
Festival Hétéroclite
du 26 au 27 novembre 2022

Programme complet :
https://www.festivalheteroclite.org/
https://www.heteroclite.org/